Un  marchand étranger nous apporte une malle bien abimée.

Elle a séjourné dans l'eau d'une cave, nous allons, dans cet article, vous  raconter  sa renaissance.

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 La malle souffre de  plusieurs  défauts :

Tout  d'abord, même  si ce n'est pas  visible  sur la  photo, les lattes de renforts en hêtre, du  coté  abimé, sont  friables partout, en poussière, et  sont  fendues à de nombreux endroits. Il faudra donc remplacer  ces  pièces.

Un morceau  de toile  du  dessous  de la malle a été arraché, pour être vaguement collé sur la  face abimée... façon n'importe quoi.

Le peuplier, constituant  la structure de la malle, a gonflé et le bois s'est complètement cassé.

La toile est irrécupérable, sur une importante partie de la malle.

L'humidité a décollé la totalité de la toile, sur toutes les faces, par endroit, elle est flottante et, à d'autres, plissée.

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La  lozine, formant les cornières, constituée de fibre vulcanisé de cellulose, n'a pas aimé son séjour prolongé dans l'humidité et se désagrège. Il faudra donc la remplacer.

 

Nous commençons le travail par démonter les éléments cassés. 

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Nous récupérons les pièces, les clous, les coins, qui seront restaurés ultèrieurement  et nous  amputons les sections détruites 

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Puis, nous remplaçons par du bois sain

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Le bois sain est  collé / clouté et raboté pour être ajusté précisément.

Nous utilisons  du contre-plaqué de peuplier, en 10mm, conforme à l'origine.

Nous récupérons de la lozine ancienne, de même largeur, que nous devons ajuster, en terme de perforation des clous.

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A l'aide de toiles monogrammées de  même époque, nous recréons, façon "marqueterie" ou "puzzle", la continuité du motif.

On nous demande souvent si Louis Vuitton nous envoie la toile neuve :-)  Non, personne ne nous donne rien.

D'une part, Vuitton ne vend pas de toile, d'autre part, si c'était le cas, ils n 'auraient pas celle-ci.

Les malles  anciennes sont, en effet, faites de toile dite "toile au pochoir", alors que les toiles modernes sont imprimées.

Donc, pour effectuer une restauration dans les règles de l'art, il est important de disposer de toile identique ET d'époque;

 

Une fois la toile reconstituée, et, à l'aide d'anciennes lozines de même largeur, nous  recréons les cornières.

On pose envion 1 clou par centimètre. On reconstitue également le fond.

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Une fois cette étape réalisée, nous devons fabriquer, en hêtre massif, les lattes de renfort, avec le bon profil.

Nous découpons, dans un plot de hêtre, issu  de la scierie voisine, des lattes qui sont profilées à l'aide d'une défonceuse sous table, sorte de toupie miniature.

La bijouterie (équerres, coins ET  clous) qui  a été démontée est  restaurée, dérouillée, redressée et polie, puis reposée dans les intervalles requis.

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Après ces étapes, il  nous restera à entreprendre la reprise de la lozine, pour uniformiser sa couleur, sur cette  face et sur toute la malle ;

Il faudra regainer la face refaite à l'interieur de la malle et, bien sûr, restaurer la totalité de la malle, lui rendre son lustre.

15  jours plus tard, voici les photos  de la réalisation finale

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 Voici le coté  qui était détruit 

Vous  noterez  que les lozines ont été  particulièrement bien maquillées et vieillies, de façon à  avoir une continuité de l'aspect d'époque.

Chaque fente de greffe est reprise minutieusement et de manière quasi invisible.

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L'intérieur refait 

 

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