Vous trouverez dans cet article un petit glossaire du sac à main.
AUMONIERE
L’aumônière est proche de la bourse, mais si elle s’appelle ainsi, c’est qu’elle devait initialement contenir les quelques piécettes que les riches allouaient aux pauvres.
Plate ou arrondie, attachée à la ceinture, l’aumônière pouvait être en tissu simple ou brodé, en velours ou en cuir de différentes qualités. Sa taille et ses ornementations reflétaient l’importance du personnage qui la portait. Ainsi, à travers les siècles, les aumônières se sont progressivement enrichies de perles et pierres ainsi que de fermoirs en métal souvent précieux, pour remplacer les simples lacets qui les fermaient. Leur usage s’est maintenant perdu, car les dons et aumônes se font désormais de manière dématérialisée, autrement dit : impalpable.
BOURSE
La bourse est à ranger parmi les ancêtres des sacs et autres accessoires similaires utilisés depuis des millénaires.
L’étymologie nous apprend que ce nom nous vient du latin « bursa » - cuir – lui-même issu d’un mot grec qui signifie « peau » ou même « outre », déjà une référence au transport de toutes sortes de choses.
La bourse évoque surtout ce sac rond, percé de trous dans lesquels passent des cordons que l’on tire pour le et l’accrocher à la ceinture. Parmi les nombreuses expressions qui font référence à ces cordons, nous retiendrons celle de « serrer les cordons de la bourse » pour ne rien donner de ce que l’on possède, alors qu’au contraire « se laisser couper la bourse » signifie que l’on est bien trop généreux.
CABAS
Le cabas de nos grands-mères était un grand sac souple un peu aplati, essentiellement en raphia, qui servait à transporter à peu près tout, des courses aux légumes du jardin. L’objet n’était qu’utilitaire, et le mot « cabas » quelque peu péjoratif. Mais le coté très utilitaire de la chose a récemment gagné en noblesse grâce à l’adjonction du mot « sac », qui l’a transformé en sac-cabas. Pour le coup, le raphia set fait moins présent et cède parfois totalement la place à des tissus variés, mais la forme et l’esprit restent : Hermès l’a revisité en le baptisant « Cabayadère », fusion de la forme cabas et du tissu bayadère. Belle revanche pour l’un des outils de transport préférés de nos grands-mères, maintenant devenu un sac de plage et … de luxe.
ESCARCELLE
Un bibliothécaire français du XIXième siècle, nommé Alfred Franklin, nous apprend que si la bourse était surtout vouée à la dépense, l’escarcelle était plutôt destinée aux recettes (Dictionnaire historique des arts, métiers et professions exercés dans Paris depuis le treizième siècle, H. Welter, 1906, p. 310).
En provenance du bas latin, après être passé par l’occitan, le mot aurait pour origine « scarso » et signifierait « maigre, insuffisant, avare, chiche ». Voilà qui convient bien à un sac qui engrangeait plus qu’il ne déboursait.
Mais si l’on se fie à l’amoureux aveuglé dépeint par Lucas Cranach l’Ancien, l’escarcelle pouvait fort bien rendre ce qu’on lui avait confié, à condition de ne pas se faire prendre la main dans le sac !
GIBECIERE
Ce nom nous renvoie à priori à un usage masculin tel que le transport des produits de la chasse, de la pêche ou de la cueillette. Il évoque également les cartables des écoliers d’antan, pour un usage cette fois-ci bien plus pacifique.
Dans nos mémoires, la gibecière a l’odeur d’un cuir brun un peu brut, assoupli par des années d’usage, solidement cousu avec du fil épais. On l’imagine aisément portée en bandoulière non seulement par les hommes mais aussi les femmes, car la gibecière s’avère également être un accessoire féminin, revisité en fonction des codes de la mode du moment.
GOUSSET
Avant de devenir une poche cousue dans le gilet, dans laquelle les hommes glisseront leurs montres, le gousset a d’abord été une petite bourse. Pour ne pas se la faire voler, comme l’atteste une rue de Paris nommée Rue Vide-Gousset, on la portait sous l’aisselle et plus tard, fixée en dedans de la culotte. Il nous en est resté une expression qui n’est plus guère utilisée : « sentir le gousset », appliqué à une personne peu soucieuse de son hygiène personnelle. Merci au Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales pour ce moment de culture, si ce n’est d’élégance !
IT-BAG
Pourquoi l’IT bag mériterait-il une rubrique à part de celle du sac ? C’est parce qu’un IT bac, c’est LE sac féminin par excellence, celui qui traverse les générations. Adoptés par les happy few de la jet set mais reconnus par toutes les femmes au premier coup d’œil, ces sacs sont emblématiques du savoir-faire des maisons les plus renommées. C’est le sac que l’on a peu de chance de posséder et celles qui se l’offrent attendent des mois, voire des années pour l’avoir.
Même si les propriétaires de vrais IT bags ne sont pas légion, toutes les fashionistas les identifient sans peine : le 2.55 pour Chanel, le Kelly ou le Birkin pour Hermès, le Speedy ou l’Alma pour Vuitton, le Paddington pour Chloé, le Baguette pour Fendi, le Sac de Jour de Saint Laurent, le Jackie de Gucci, le Lady Dior de Dior … et plus bien modestement, pour Longchamp, ce sont les sacs « Pliage ».
Le créneau de l’IT bag étant fort rentable, certaines marques moins prestigieuses se sont emparées de la dénomination pour faire la promotion de leurs produits, sans même attendre le verdict des utilisatrices et le jugement du temps qui passe. Lancés comme des incontournables de la mode, ils retournent rapidement à leur statut de sac à main, si jolis soient-ils, car les adeptes du beau design, des belles matières et des finitions irréprochables ne s’y trompent pas. Ne durent que ceux que les égéries des temps modernes ont adoptés.
MINAUDIERE
Si l’on en croit les chroniqueurs des années 30, Florence Jay Gould, l’épouse d’un magnat des chemins de fer américains, se présenta un jour chez Van Clef et Arpels avec une simple boîte en fer blanc. Elle n’avait rien trouvé de plus pratique pour y glisser son poudrier, son bâton de rouge, son fume-cigarettes … jugeant inadapté le vanity case alors habituellement utilisé. Charles Arpels créa donc pour elle une autre sorte de vanity, ingénieusement doté de compartiments étudiés au millimètre près selon le principe « une place pour chaque chose et chaque chose à sa place ». C’est Alfred Van Cleef qui lui trouvera le nom de « minaudière », en hommage aux manières enjôleuses de sa coquette épouse Estelle, née Arpels.
Dans ce registre de la séduction, les matériaux nobles utilisés pour la fabrication de cet objet en faisaient un bijou précieux, il n’en fallait pas moins dans ces années dites « folles ». Sophistiquée à l’instar des nécessaires de voyage fabriqués par de grands artisans, la minaudière était parfois protégée par un étui de velours ou de satin. L’ensemble était destiné à produire un effet certain, car la minaudière, à peine de la taille d’un livre, était exhibée lors d’occasions mondaines, objet d’admiration autant que démonstration de fortune.
POCHE
De nos jours, la poche est cette pièce cousue dans une veste, un pantalon, une robe… pour y cacher un mouchoir ou bien y glisser les mains quand on ne sait qu’en faire.
Avant qu’elle ne soit solidaire du vêtement, la poche était indépendante de ce dernier. A en croire les archéologues, les premières poches auraient été de ceinture ou de poitrine, ce qui réhabilite sérieusement notre sac banane contemporain, souvent décrié comme ringard.
Cousue dans une forme ressemblant à celle d’une bourse un peu allongée, mais dotée d’une fente et d’un long ruban, la poche s’est longtemps nouée autour de la taille, sous le vêtement. On y accédait par une ouverture laissée dans la couture latérale. Une même poche, voire un jeu de deux poches, servaient donc sous plusieurs jupes ou robes.
Longtemps cachée, la poche deviendra un sac porté à la main, désolidarisé du vêtement, lorsque la mode dégagera les lignes du corps du carcan des tissus superposés, une première fois à la Révolution Française (voire sous Réticule) puis au début du XXième siècle, après la première guerre mondiale.
Alors que le vêtement contemporain pour homme comporte des poches en taille et en nombre suffisant pour caser tout ce qui est à emporter hors de chez soi, le vêtement féminin n’a parfois que de fausses poches décoratives. En filiation directe, le sac main prend alors le relais et démontre toute son utilité : sans lui, la femme serait-elle aussi mobile ?
POCHETTE
Alors que la poche est désormais fixée au vêtement, la pochette est un accessoire indépendant, de petite taille, destiné aux femmes pour n’emporter que peu de choses avec soi.
Utilisée surtout lors d’occasions festives, elle est le complément indispensable de la robe de soirée et comme elle, souvent fabriquée dans des matières luxueuses. Portée avec élégance à la main, parfois à l’épaule avec une fine bandoulière, la pochette se rapproche beaucoup de la minaudière par son usage et par son contenu. Mais au contraire de la minaudière, rigide de par sa conception et ses matériaux, la pochette a l’avantage de sa souplesse.
RETICULE
A la révolution française, la mode transforme radicalement les robes. Plus question de cacher des objets dans des poches dissimulées sous d’amples jupons. La silhouette drapée dans des mousselines vaporeuses qui révèlent tout des lignes du corps féminin, ne peut s’encombrer que de peu de choses.
Les poches autrefois nouées à la taille deviennent des réticules qui se balançaient gracieusement au poignet. Ils contenaient un mouchoir et peut-être une vinaigrette, objet très ouvragé qui renfermait un coton imbibé d’essences diverses pour ranimer ces dames promptes à tomber en pâmoison.
Les « fashion victims » de cette époque étant nommés les Incroyables et les Merveilleuses, le public eut vite fait de rebaptiser ce réticule, qui devint un « ridicule ».
Il succomba lorsque la mode révolutionnaire elle-même céda la place à des vêtements redevenus plus adaptés et que les poches firent un retour en force.
SPORRAN
Dans cet univers féminin, il fallait bien, au nom de la diversité, trouver un sac typiquement masculin. Ce sera le « sporran », la sacoche qui complète le costume gaélique traditionnel des Highlands d’Ecosse. Le sporran descend en droite ligne de l’époque médiévale. Selon un code figé depuis des siècles, il se porte accroché à ceinture du kilt, bien au centre et précisément à hauteur d’entrejambe. En cuir ou en fourrure, il est ornementé en fonction de son usage : le sporran des jours de semaine est moins ouvragé que ceux des jours de fêtes, de cérémonie ou de parade, qui peuvent être réellement ostentatoire.
Quel qu’en soit le style, un porteur de kilt – et dans ce cas uniquement un homme - n’est vraiment habillé que s’il porte un sporran. Son meilleur ambassadeur est ironiquement un anglais : il s’agit de son altesse royale le prince Charles, qui à Balmoral, château écossais de la famille régnante britannique, ne manque jamais de porter le costume traditionnel et le sac masculin qui lui donne sa « touch » finale !
SAC
Le film « Breakfast at Tiffany’s » s’ouvre sur la sublime Audrey Hepburn qui sort d’un taxi jaune dans un New York désert. Devant les vitrines du joailler Tiffany, elle tire d’un sac en papier un croissant et un gobelet de café : c’est ça, le petit déjeuner le plus chic au monde. Le sac en papier finira sans un regard dans une poubelle au coin de la rue. La belle Audrey Hepburn s’éloignera avec à son bras un petit sac noir on ne peut plus discret, donc on ne peut plus élégant. Il y a là les deux extrêmes de ce qu’on nomme un sac : celui qui ne dure qu’un moment et celui qui parfois, dure toute la vie.
Qu’ils soient en matériaux de choix, ordinaires ou bas de gamme, les sacs sont un sujet sans fond, probablement par que nous tenons à la main, au bras, à l’épaule, l’accessoire le plus vieux du monde. Il a voyagé avec l’homme – et la femme – du fond de l’Afrique en direction de tous les continents. Il a tout contenu et contenu de tout, favorisant ainsi la survie de l’espèce. Aujourd’hui encore la femme lui confie ce dont elle ne saurait se passer. Il est sa boîte à outils pratique avec clefs, papiers, stylo et mouchoir … Il est sa boîte à outils psychologique : bonbons pour adoucir une frustration, parfum pour séduire, grigris pour se rassurer … Le plus grand plaisir des petits garçons est de fouiller dans le sac de leur mère, comme pour mieux se rapprocher d’elle. Une fois devenus grands, ils s’interrogent à propos de ce que contient le sac de l’aimée, mais y fouiner serait briser un tabou. Gare à celui qui transgresserait cette règle : ce serait fracturer la part matérielle du mystère des femmes.
TOTE BAG
Hélas pour notre planète, le sac plastique a encore de beaux jours devant lui. Il a pourtant un concurrent très sérieux : le « tote bag », dont le nom nous vient de l’anglais « to tote », porter, emporter, trimballer. Généreux en taille et donc en volume, il est réalisé soit dans des tissus assez souple pour le plier, soit assez solides pour y fourrer à peu près tout. Le plus célèbre d’entre eux est probablement celui créé par la « so british » Anya Hindmarch, pour une marque de supermarché anglais. Sur sa toile coton, il affichait le message « I am not a plastic bag » (Je ne suis pas un sac plastique), même s’il n’était ni en coton bio ni produit en circuit équitable.
Depuis, ces « tote bags » font florès : ils ne sont plus seulement pratiques et écologiques. Ce sont des supports d’information qui permettent à celle qui l’utilise de montrer qu’elle a visité tel musée, s’est rendue en week-end dans un lieu branché où s’approvisionne chez les meilleurs traiteurs… Le « tote bag » peut être autant promotionnel qu’artistique ou unique pour peu qu’on soit imaginatif dans sa personnalisation. Son succès est tel que des créateurs les imitent, le dernier en date étant Balanciaga. Son « tote bag » en veau couleur bleu sulfate ressemble à s’y méprendre au sac plastique d’Ikea, si l’on excepte l’évidente différence de prix. Le sac du pauvre copié par l’industrie du luxe, c’est un peu le monde à l’envers.
VANITY CASE
S’il fallait traduire ce terme anglo-saxon, on pourrait parler de « valise à futilités », « boîte à coquetterie », ou mieux encore « nécessaire de beauté ». En effet, à travers le mot « nécessaire », on retrouve la filiation entre le nécessaire de voyage des siècles passés et le vanity case d’aujourd’hui.
Le nécessaire de voyage - né lorsque les déplacements se multiplièrent, en parallèle des malles - contenait non seulement de quoi faire sa toilette, mais également des ustensiles pour manger, pour écrire, bref, toutes sortes d’objets que le voyageur riche souhaitait avoir à portée de main. Inadapté aux voyages modernes et devenu en partie inutile, il a maintenant le statut d’objet de musée.
Les usages actuels ont fait éclater ce nécessaire de voyage selon différents contenus : trousse de toilette, trousse de manucure ainsi que vanity case pour les produits de beauté et de maquillage. Le transport et l’accès aux différents objets, selon les moments de la journée et les circonstances, sont ainsi largement facilités.
Au fil de l’histoire récente, les luxueux vanity cases du XXième siècle se sont démocratisés, à l’instar des voyages autour du globe. Mais certains sont encore de nos jours produits par des maisons célèbres, pour des clients fortunés, dans des matières et des finitions qui tiennent du grand art.