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LES INDEMODABLES

Les « IT bags » ont existé avant même que le terme, né durant les années 90, ne soit apparu. C’est
- LE sac que tout le monde reconnait au premier coup d’oeil,
- LE sac qu’il faut avoir pour nombre de (bonnes ?) raisons,
- LE sac que l’on commande et que l’on doit attendre, et bien entendu,
- LE sac contrefait par excellence.
Nul ne sait vraiment en donner les caractéristiques : indémodable, irréprochable dans sa qualité,
c’est aussi un objet que l’on peut exhiber pratiquement en tous temps et tous lieux. C’est peutêtre
aussi, sans chercher loin, celui qui traduit le mieux la personnalité intrinsèque de celle qui
l’ont médiatisé et auxquelles les autres femmes s’identifient.

« IT »
En 2008, ce monument qu’est l’Oxford English Dictionary admettait à l’entrée « it » un nouvel usage de ce
pronom neutre si usité dans la langue anglaise. Il officialisait ainsi un usage en cours depuis près de 20 ans.
Dans cette nouvelle acception, le pronom neutre devient un attribut qui, accolé à un nom, transforme la
personne ou l’objet quelque chose d’incroyablement à la mode et de quasi incontournable.
Le dictionnaire fait remonter le concept de « it » à un livre intitulé « It », écrit par Elinor Glyn. De ce livre est
né un film, également sous le titre de « It », dont la vedette féminine Clara Bow devint naturellement la
première « it girl ». Si ce terme a perduré jusqu‘à nos jours, c’est probablement parce Clara Bow a été l’une
des figures marquantes – et probablement aussi l’un des premiers sex symbol – des années 20 et 30.

CHANEL - 2.55
Il est inspiré des besaces militaire et n’a pas de nom. Il se nomme juste 2.55, comme février
1955. Plus de 6 décennies après son baptême, ce sac finement matelassé reste indémodable,
alors que l’idée qui le fait naître date de 1929 déjà. Gabrielle Chanel expliquait qu’elle cherchait à
libérer sa main de la pochette qui l’encombrait. C’est pour cela qu’il comporte une chaînette et
qu’il se porte en principe à l’épaule. Il se reconnait aisément grâce à son fermoir rectangulaire,
fermoir qui porte le nom de « Mademoiselle », sa créatrice.
Il se distingue en cela du 2.88 dont le fermoir est orné de deux C entrelacés, initiales de Coco
Chanel, et la bande de cuir combinée à la chainette. Il s’agit là de la version remise au goût du
jour par Karl Lagerfeld, une réinterprétation nommée « Timeless Classic », le classique
intemporel. Alors que la version 2.55 de Mademoiselle n’existe qu’en trois matières, le 2.88
existe en plusieurs tailles, de nombreux matériaux et déclinaisons de couleurs. Il se réinterprète
chaque année, pour continuer à entretenir le désir de le posséder.

HERMES – KELLY
De l’équipement pour l’équitation à la maroquinerie de luxe, Hermes a toujours parcouru le
chemin avec une rare élégance, comme en témoigne son sac « Kelly ». Tout part en 1892 du
« Haut à courroies », un sac destiné aux cavaliers. 40 ans plus tard, dans les années 30, il est
redessiné pour s’adapter à de nouveaux usages et une version féminine est créée. Celle-ci se
nomme d’abord « sac de voyage à courroies pour dames » puis « Sac à dépêches pour dames ».
Raffiné sans être ostentatoire, il est commercialisé sans discontinuer et c’est en 1954 que Grace
Kelly le portera pour la première fois dans le film « La main au collet ». Devenue princesse
quelques années plus tard, et définitivement adepte du sac ainsi que de la marque Hermès, elle
le tiendra bien en vue pour cacher temporairement sa première grossesse. La photo de ce jeu de
cache-cache avec les photographes fait le tour du monde. Le sac devient instantanément célèbre,
obligeant Hermès à le rebaptiser du nom de Kelly, ce que le maroquinier a fait de bonne grâce.

LONGCHAMP – PLIAGE
Ce sac est un jeu d’origami : en six mouvements et un bouton pression, le Pliage Longchamp
devient tout petit. Mais une fois déplié, sa forme de trapèze lui permet de (presque) tout
contenir. Il est d’une solidité à toute épreuve grâce à ses deux éléments principaux : des anses
dont le cuir vaut celui des sacs de prestige et un nylon robuste malgré sa souplesse. Compact et
endurant comme le sac d’appoint de grand’mère, Le Pliage n’en est pas triste pour autant : sa
toile nylon existe en 6 couleurs de base et tous les 6 mois, la maison Longchamp propose 6
autres couleurs, en plus des toiles dessinées par des créateurs qui utilisent ingénieusement sa
forme trapèze. Entre cuir, toile et anses, les combinaisons permettent quasiment de
personnaliser son modèle.
Le Pliage joue dans la cour des indémodables pratiquement depuis 1993, date de son apparition.
Il est donc jeune encore et d’un prix modeste en comparaison d’autres incontournables. Mais
que l’on se rassure : pour les inconditionnelles du chic et cher qui voudraient quand même jouer
au trapèze, un Pliage qui porte le nom d’Héritage existe sous forme rigide. Un comble !
GOYARD - LE SAC CABAS « SAINT LOUIS »
Voilà un sac cabas qui porte un nom royal et fait référence à cette île sur la Seine qui concentre
l’essence même de Paris. Il est fabriqué en « Goyardine », une toile composée tout à la fois de
chanvre, de lin et de coton. Celle-ci est imprimée d’un motif à chevrons qui ne se confond avec
aucun autre dessin, puisqu’il s’agit d’une suite de Y, lettre centrale du patronyme Goyard.
Léger, travaillé à la perfection autant dedans que dehors, donc potentiellement réversible,
accompagné de sa pochette amovible, le sac cabas « Saint Louis » se décline dans de nombreuses
couleurs. Ainsi, il n’est pas seulement le compagnon idéal d’une séance de shopping. Avec ses
couleurs classiques ou acidulées, il peut en réalité accompagner toutes sortes de tenues : son
élégance désinvolte pimente les allures les plus sophistiquées d’une petite touche d’effronterie.
Question de personnalité …

GUCCI – JACKIE
C’est Guggio Gucci qui fonde au tout début des années 20, à Florence, une petite entreprise de
maroquinerie et de bagages. Presque un siècle plus tard, cette marque est au coude-à-coude avec
Hermès dans le classement des entreprises les mieux cotées. Cette performance est liée pour
une grande part au succès de ses sacs. Ils se sont imposés dans le monde de luxe, adoptés par
des personnalités aussi en vue que Jackie Kennedy Onassis.
Les chroniqueurs de la vie de Jackie Kennedy disent qu’elle possédait plusieurs sacs Gucci du
même modèle, en quelque sorte son sac fétiche. Comme elle d’une élégance intemporelle,
moderne sous un air sage, ce sac aux coins arrondis a fini par hériter de son prénom, « Jackie ».
Il est réalisé pour l’essentiel dans cette toile beige nommée « Diamantine », où les deux « G » du
fondateur Guggio Gucci s’affrontent aux croisements de diagonales formées par le dessin de
petits diamants. Il est encore plus iconique quand il est comporte le ruban rouge et vert, la
marque de fabrique de Gucci.
En 2009, le Jackie n’échappera pas à un relooking : le « New Jackie» se présente dans une gamme
large de matériaux et de couleur, un volume plus grand, mais toujours et encore avec
l’incontournable mousqueton et une silhouette facile à vivre, qui n’appartient qu’à lui.

MOYNAT - REJANE
Deux comédiennes se sont disputées le titre de plus grande actrice de la Belle Epoque : Sarah
Bernhardt et Réjane. Cette dernière, fine et sensible, avait des idées avancées à la fois pour son
temps et son sexe. Réjane saura interpréter autant des rôles de théâtre de boulevard que de
s’engager dans la représentation de pièces à caractère social, ce qui fait scandale à son époque.
A la même époque, une autre femme casse les codes : c’est Pauline Moynat, la seule femme
malletier de l’histoire. Venue de Savoie à l’âge de 16 ans, Pauline Moynat apprend vite les
finesses de l’élégance et les codes de vie à la parisienne. Associée à la maison Coulembier,
fabricant de malles, elle ouvre en 1869 ce qui deviendra une des maisons les plus chics de la
capitale. Elle est novatrice au point d’être la première à créer un sac baptisé du nom d’une
célébrité, en l’occurrence la célèbre comédienne Réjane. C’est, nous dit-on, parce que Pauline
Moynat adorait le théâtre et admirait Réjane au plus haut point.
Lorsqu’en 2011 la maison Moynat renait après 35 ans d’inactivité, elle renouvelle ce sac Réjane
dans une version dont les courbes rappellent celles des malles de voiture du siècle passé, avec
un fermoir qui est la réédition d’un fermoir breveté, propriété exclusive de la Maison Moynat,
dans la droite ligne des grands malletiers d’antan.

DIOR - LADY DIOR
Lady Dior, c’est le destin d’un sac qui croise la trajectoire d’une princesse célèbre dans le monde
entier. En septembre 1995, Lady Di, en visite à Paris, se voir offrir un cadeau par Bernadette
Chirac. C’est un sac à main de la maison Dior, créé l’année précédente par Gianfranco Ferré, alors
son directeur artistique. Le personnel de la maison de Haute Couture l’avait officieusement
nommé « Chouchou », ce qui en dit déjà long. Ravie du cadeau, Lady Di arbore ce sac pour visiter
une exposition consacrée à Cézanne au Grand Palais.
Des photos de la princesse de Galles et de son sac si chic et si parisien circulent dans le monde
entier. Comme elle le porte en de nombreuses occasions, l’accessoire bénéfice de la meilleure
promotion que l’on puisse imaginer. Il faut avouer que son élégance parle pour lui, grâce à son
design savamment étudié : les 140 pièces qui le composent, son cuir matelassé façon cannage,
des surpiqures très travaillées et quelques détails chics comme les 4 lettres D-I-O-R accrochées
séparément à la hauteur d’une anse.
Tout ce qui touche Lady Di attire et Dior s’empare de cette fascination pour rebaptiser le sac par
un jeu de mot : « Lady, Lady Di, Lady Dior ». Devenu intemporel, ce modèle classique a toujours
ses nombreuses adeptes. Mais il est régulièrement réinterprété par des artistes célèbres, dans
des éditions limitées qui leur donnent beaucoup de valeur. Preuve en est qu’il suffit d’une
princesse pour qu’un sac devienne un conte de fée pour son créateur.

BALANCIAGA – LARIAT
En 2001, Nicolas Ghesquière, alors directeur artistique de la maison Balanciaga, n’ pas l’appui de
ses commanditaires pour lancer un sac dont il avait créé un prototype. Avec des zips apparents,
des boucles métalliques et des rivets très présents, de plus taillé dans un cuir particulièrement
souple, ce sac ne correspondait pas aux codes en vigueur qui exigeaient des matières rigides et
des lignes nettes et sobres.
Nicolas Ghesquière en fait quand même fabriquer quelques uns pour les mannequins de la
collection de l’année, afin qu’elles n’arpentent pas le podium les mains vides. Des vedettes
présentes au défilé veulent aussitôt le leur : c’est le démarrage en trombe de ce sac
« motorcycle », apparenté au style des vestes de cuir des motards.
Ce succès s’explique probablement parce que dès le départ, le Lariat a eu l’air « vintage ». Il
présente l’allure d’un objet familier qu’on a toujours connu. Léger, pratique, tout terrain, en
apparence décomplexé, son nom « Lariat » lui vient de ces longs lacets de cuir qui permettent de
tirer facilement sur les fermetures éclair et lui donnent son air « rock and roll ». 20 ans plus
tard, il séduit encore toutes les modeuses, cette fois-ci avec une allure bo-ho, bohème chic.
Balanciaga a en effet mis son « Motorcycle » au format cabas sous le nom de « Velo ».

FENDI – LE SAC BAGUETTE
Aux Etats Unis, en 1997, démarre une série télévisée nommée « Sex and the City ». Une marque
de luxe italienne, Fendi, est la première à prêter des objets pour son tournage. L’actrice
emblématique de cette série, Sarah Jessica Parker, alias Carrie Bradshaw à l’écran, est vue à
plusieurs reprises avec un sac minuscule. Même s’il est petit et coincé sous son bras, il est
pourtant bien présent à l’écran. Filmé sous toutes les coutures comme Sarah Jessica Parker ellemême,
il devient vite la coqueluche des fans de la série.
Il s’agit d’un sac que la maison Fendi venait de créer sous le nom de « Baguette » : comme elle, on
le porte coincé sous l’avant-bras. De fait, sa bride est si courte qu’il reste quasi calé à hauteur
d’aisselle. Le baptiser ainsi est pour le moins ironique et cliché par rapport aux Français. Mais
Fendi ose l’impertinence et casse les codes : c’est sa marque de fabrique. Baguette est donc dans
le droit fil de cette image. D’ailleurs, le sac sera décliné dans des centaines de versions, parfois
totalement extravagantes, baroques ou même saugrenues. C’est peut-être pour cela qu’il se
vendra à largement plus d’un million en vingt ans.
Plus fort encore : le sac Baguette est reconnu comme étant à l’origine du concept d’IT bag. C’est
encore aujourd’hui le sac qu’il FAUT avoir, même s’il est si minimaliste qu’il ne peut quasi rien
contenir.

LOUIS VUITTON – SPEEDY
Voilà encore un sac qui a traversé en pleine forme les décennies, car le Speedy existe depuis
1933. De la famille du « Keepall » (contient tout) que Vuitton avait créé peu de temps
auparavant, il a été engendré par le besoin de mobilité. Avec ses côtés en ogive, une longue
fermeture à glissière, un petit cadenas, deux anses et parfois une bandoulière, il transporte en
toute simplicité ce qui est nécessaire pour une longue journée, voire même un week-end, selon
la taille choisie.
Tout comme le Keepall, sa naissance correspond à la mode des courts séjours dans des villes
prisées, que ce soit sur la côte normande ou dans le sud-ouest : Deauville, Cabourg, Biarritz …Il
répond non seulement à une utilisation accrue de l’automobile mais aussi des transports en
avion surtout après guerre. Audrey Hepburn, souvent photographiée dans les aéroports avec
son Speedy, contribuera à le rendre populaire. Depuis lors, ce sac a été réinterprété per des
artistes célèbres, lui gardant ainsi un esprit très contemporain. Preuve en est qu’un maison plus
que centenaire sait traverser les décennies avec fraîcheur.

 

 

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