Un amateur luxembourgeois, amateur de belles choses, nous envoie, au mois de septembre, les photos de la malle ci-dessus...
- Toile boursouflée
- Cornières cuir sèches, brûlées ou absentes
- Serrure morte et non d'origine
Après quelques échanges de mails à distance et une visite sur place du client avec sa malle, la décision fut prise d'entreprendre la restauration totale de cette malle.
Le client nous laissait entièrement carte blanche...
C'est le fil de l'eau de cette restauration que je vous propose de suivre dans cet article.
La première étape consista à démonter l'ensemble des cornières cuir de la malle, en prenant soin de conserver et de récupérer les petits clous d'origine (2 clous par centimètre... 2800 clous environ).
Parallèment à cela, nous nous rendions chez un tanneur, pour choisir des peaux suffisamment longues et de bonne qualité, pour découper les futures cornières et ceinture de couvercle en cuir.
Au fur et à mesure des linéaires de démontage, on prend soin de déposer également :
- Les 8 coins fixés par 7 clous chacun
- Les 18 équerres de latte
- Les 4 équerres de couvercle
etc.
L'étape suivante est délicate, car il s'agit de démonter le pourtour métallique du couvercle.
Chez Goyard, marque de cette malle, le travail est particulièrement soigné.
Le pourtour en métal épais est gainé de cuir, en partie gainé avant la pose et en partie gainé après la fixation du pourtour.
Le pourtour est re-gainé ensuite de l'intérieur, pour l'étanchéité du couvercle.
Un étroit carton vient compenser les différences d'épaisseur, pour que la partie mâle des crapauds soit bien d'équerre avec la partie femelle, faisant ainsi office de centreur.
Nettoyage N°1 des laitons
Le nettoyage des laitons se fait en 2 temps et en 2 parties.
D'une part, on nettoie ce qui n'est pas démonté et, d'autre part,
on nettoie toutes les pièces détachées, clous et pointes...
Ce nettoyage se fait après qu'on ait passé un chiffon humide
sur la malle. Une fois la malle totalement terminée (intérieur et extérieur), on refera le nettoyage de A à Z plus finement.
Une fois démontée, la malle est lavée précautionneusement (étape non illustrée).
Les parties en bois fissurées ou cassées par le temps sont réparées, collées, serties (non illustré).
La toile d'origine est décollée partiellement ou complètement, pour être à nouveau posée.
Arrivent maintenant les étapes les plus délicates...
Il s'agit de remonter la malle :-)... C'est évidemment beaucoup plus technique que de démonter... (souvenez-vous de vos legos !)
Les clous sont détordus et nettoyés un à un
Les pièces détachées nettoyées et redressées
Le pourtour en métal est redressé à la masse sur enclume
Les bandes de cuir sont découpées, préparées, puis elles sont pré-percées
tous les 5 mm, comme d'origine.
Nous nous servons des angles cuir, quand ils existent, comme gabarit de découpe, pour refaire les nouveaux
angles de cornières. Ces coins seront partiellement cachés par ceux en laiton, mais il est important
que ceux-ci soient bien ajustés, car sur cette malle, les coins font 50 mm alors que les cornières en cuir
mesurent 60 mm... Une fois le coin posé, on ne cache donc pas, sur ce modèle, les raccords... Comme ils sont visibles, il faut donc les faire parfaitement d'équerre.
Les seules cornières cuir nécessitent environ 20h de travail plein et entier, pour être pré-percées, ajustées, collées, pointées.
On repose ensuite les pièces détachées, soit en posant des clous rivetés à froid (clous, rondelles et marteau, avec un outil spécial réalisé sur mesure, par un tourneur-fraiseur, au diamètre des clous de la malle), soit en retournant les clous à la façon des malletiers (force du poignet et souplesse sont de mise pour tourner les clous des coins du fût !! Petits s'abstenir).
On s'attaque également à la pose du pourtour métal que l'on a préalablement gainé de cuir et on pose à nouveau les parties mâles des crapauds.
Enfin et pour finir, pour cette commande, nous avons dû créer un moraillon de serrure sur mesure, en prenant une base existante. En effet, la malle d'origine n'en disposait pas et nous n'avions pas la pièce adéquate.
Après quelques coups de lime, d'enclume... le moraillon est ajusté et posé.